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ÂGES |
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ÂGES. Les quatre âges de l'homme qui font
l'enfance, la jeunesse, l'âge viril et la vieillesse sont faciles à distinguer.
Le temps qui change tout, change aussi nos humeurs ;
Chaque âge a ses plaisirs, son esprit et ses moeurs.
Les tableaux qu'Horace en a faits, ont servi
de modèle aux artistes et aux poêtes.
Reddere qui voces jam scit puer, et pede certo
Signat humum ; gestit paribus colludere, et iram
Colligit ac ponit temere, et mutatur in horas.
Imberbis juvenis, tandem custode remoto,
Gaudet equis, canibusque, et aprici gramine campi ;
Cereus in vitium flecti, monitoribus asper,
Utilium tardus provisor, prodigus æris,
Sublimis, cupidusque, et amata relinquere pernix.
Convertis studiis, ætas animusque virilis
Quærit opes et amicitias, inservit honori :
Commisisse cavet quod mox mutare laboret.
Multa senem circumveniunt incommoda, vel quod
Quærit, et inventis miser abstinet, ac timet uti :
Vel quod res omnss timide gelidèque ministrat ;
Dilator, spe longus, iners, avidusque futuri,
Difficilis, querulus, laudator temporis actii
Se puero, censor castigatorque minorum.
Un enfant qui sait déja répéter les mots qu'on lui a appris, et qui marche seul, ne songe qu'à jouer avec ses camarades ; il s'irrite et s'appaise pour rien, et change à tout moment.
Un jeune homme qui enfin n'a plus de Gouverneur, aime les chiens, les chevaux et les exercices du Champ de Mars : il est prompt à recevoir les impulfions des vices : il s'emporte contre ceux qui donnent des avis et qui le reprennent de ses défauts ; il ne pense que tard à l'utile, auquel il préfére ordinairement l'honnête : il est prodigue, fier et présomptueux. Il désire tout ce qu'il voit, et il se lasse très promptement des choses qu'il a le plus aimées.
L'âge viril a d'autres inclinations ; il travaille à amasser des richesses et à se faire des amis ; il tâche d'accorder l'intérêt avec l'honneur, et de ne rien faire dont il puisse avoir tôt ou tard sujet de fe repentir.
La vieillesse est le rendez-vous de toutes
les incommodités ; elle amasse du bien, et elle est si misérable, qu'elle n'ose s'en servir. Elle ne fait rien qu'avec beaucoup
de timidité et de lenteur : elle est irrésolue, longue à concevoir des espérances, paresseuse, attachée à la vie, difficile et de mauvaise humeur. Elle se plaint sans cesse, ne vante que le temps passé, et fait incessamment des corrections et des réprimandes à la jeunesse.
Boileau qui a copié ces tableaux d'après Horace, a obmis celui de l'enfance.
Un jeune homme toujours bouillant dans ses caprices
est prompt à recevoir l'impression des vices :
est vain dans ses discours, volage en ses désirs,
rétif à la censure, et fou dans les plaisirs.
L'âge viril plus mûr, inspire un air plus sage,
Se pousse auprés des Grands, s'intrigue, se ménage ;
Contre les coups du sort songe à se maintenir ;
Et loin dans le présent regarde l'avenir.
La vieillesse chagrine inessamment amasse,
Garde, non pas pour soi, les tréfors qu'elle entasse,
Marche en tous ses desseins d'un pas lent et glacé :
Toujours plaint le présent, et vante le passé ;
Inhabile aux plaisirs, dont la jeunesse abuse,
Blâme en eux les douceurs, que l'âge lui refuse.
d'après le Dictionnaire iconologique... par Honoré Lacombe de Prézel — Paris, 1777
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