QUINTAINE. Meuble de l'écu représentant un poteau sur lequel on voit un écusson suspendu.
Voir les armes de Robert de Lézardière. d'après l'Alphabet et figures de tous les termes du blason
L.-A. Duhoux d'Argicourt — Paris, 1899 QUINTAINE, subst. fém., exercice de corps, ou jeu que certaines personnes étaient obligées de faire pour le divertissement du seigneur.
Balzamon prétend que ce jeu a été ainsi appelé parce qu'un nommé Quintus en fut l'inventeur, ce qu'il paraît appuyer sur la loi I, au code de aleatoribus.
Pancirole, I, var. cap. IV, prétend qu'il a été ainsi nommé, à Quintanâ viâ quae castris Romanis in Quintanam portam exibat.
Du Cange, en sa dissertation sur Joinville tient que ce terme vient de ce que ce devoir s'acquittait dans les banlieues appelées quintes ou Quintaines, parce qu'elles s'étendaient à cinq mille pas hors de la ville.
On plaçait ordinairement vers l'extrémité de la banlieue, un pal ou poteau où était suspendu un écusson mobile, et on le nommait le pal de la Quintaines, et ce pal servait pour le jeu ou exercice dont il s'agit, qui a aussi été appelé la Quintaine, du nom de la banlieue où il se faisait, et du pal de la banlieue qui y servait.
En la coutume locale de Mezières, en Touraine, les meuniers demeurants en la baronnie et châtellenie de Mezières, étaient tenus une fois l'an, de frapper par trois coups le pal de la Quintaine, en la plus proche rivière du châtel du seigneur, baron ou châtelain, ou autre lieu accoutumé, et s'ils se feignaient rompre leurs perches, défaillaient aux jours, lieu et heure accoutumés, il y avait soixante jours d'amende au profit du seigneur.
De même à Mehun-sur-Eure, en Berry, les hommes mariés dans l'année, étaient tenus le jour de la Pentecôte de tirer la Quintaine au-dessous du château, et par trois fois frapper de leurs perches un pan de bois qui était piqué et planté au milieu du cours de l'eau.
En la châtellenie de Mareuil, ressort d'Issoudun, en Berry, les nouveaux mariés tiraient aussi la Quintaine sur la rivière d'Amon ; il y avait de pareils exercices en Vendômois, Bourbonnais et ailleurs ; et il est fait mention de ce droit de Quintaine au liv. 2 du recueil des arrêts de Bretagne.
En quelques lieux, à chaque mutation de seigneur ou de vassal, le vassal devait courir la Quintaine de service féodal.
La Quintaine était aussi anciennement un exercice militaire que l'on faisait à cheval, la lance à la main ; on venait en courant sur un bouclier attaché à un arbre ; et quand la lance était rompue on se trouvait en défaut.
La Quintaine, comme meuble de l'écu, est rare en armoiries.
de Carville de Ners, en Normandie : de gueules, à trois quintaines d'or.
de Robert de Lézardières, en Poitou : d'argent, à trois quintaines de gueules.
d'après le Dictionnaire encyclopédique
de la noblesse de France
Nicolas Viton de Saint-Allais (1773-1842) — Paris, 1816 — Télécharger
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