ÉCU. Champ ou fond du bouclier sur lequel on pose les emblèmes et les partitions.
Le bouclier se trouve gravé sur les sceaux de la seconde race des rois de France. Il est peu de grands seigneurs qui, dans les sceaux équestres, se montrent sans bouclier. Il rappelle, dans le principe, la protection que les princes doivent à leurs sujets. (Chassant. Dictionnaire de sigillographie).
Par la forme des sceaux et des Écus on parvient à fixer l'époque à laquelle ils appartiennent. La forme la plus ancienne des sceaux et des boucliers (Écus) est ronde. Comme exemple, on doit citer les sceaux du roi Arnulf (893), de l'empereur Othon (941), des deux comtes Palatins : Henri (1098) et Sigfrid (1115). (fig. 1)
À la forme ronde succéda la forme elliptique, ainsi qu'ont scellé les comtes d'Arnsberg de 1200 à 1300, la plupart des princes ecclésiastiques depuis 1140 jusqu'à 1300, et les femmes des Dynastes pendant cette même époque (fig. 2).
La forme fig. 3 a été employée en 1086, par Henri iii, comte de Brabant ; en 1110-1151, par Godefroi i, duc de Brabant ; en 1168, par Philippe et Théodoric, comtes de Flandre, et Florent, comte de Hollande ; en 1190-1201, par Thierri, comte de Hollande ; en 1206, par Philippe, comte de Namur ; en 1220, par Henri, duc de Lorraine ; en 1233, par Thierri, seigneur noble de Malberg, et par plusieurs autres Dynastes.
La forme fig. 4 ne se voit très rarement. En 1251, Albert, duc de Thuringe, s'en est servi pour son scel.
La forme fig. 5 a été employée, en 1195, par Henri i, duc de Lorraine ; en 1213, par Guillaume, comte de Hollande ; en 1241, par Henri, duc de Lorraine ; en 1254, par Henri, seigneur de Reifferscheid.
Pendant cette même époque et un peu plus tard, on s'est servi de la forme triangulaire (fig. 6) comme l'ont fait Thierri, comte de Hollande, en 1199 ; Albert, comte de Habsbourg, en
1203, etc.
Après, la forme triangulaire a été remplacée par la forme demi-elliptique (fig. 7), tant pour les écussons que pour les sceaux eux-mêmes. On la voit sur les sceaux de Guillaume, comte de Hollande, en 1205 ; de Florent iv, comte de Hollande, en 1232 ; de Henri, duc de Lorraine et de Brabant, en 1241-1253 ; de Baudouin, comte de Bentheim, en 1246 ; de Rausseman von Kempenich, en 1251 ; de Gérard, seigneur noble de Wildenberg, en 1267 ; de Godefroi d'Aerschot, en 1284 ; de Gérard, seigneur de Voorne, châtelain (burggraf) de Zélande. Cette forme a été employée, pour la dernière fois, par Walerand, duc de Luxembourg, tandis que sa femme, Jeanne s'est servie d'un Écu à pointe arrondie (fig. 8).
Le sceau le plus ancien sur lequel ne trouve un Écu timbré d'un casque, est celui de Bobo, comte de Tiligesberg, en 1258 ; ensuite vient, en 1278, Crafto de Hohenlohe (fig. 9).
Au xive siècle, on ornait les casques de volets (petits manteaux) et de lambrequins.
Sur le sceau d'Elisabeth, comtesse de Juliers et dame d'Aerschot, appendu à une charte de l'an 1307, l'Écu affecte la forme représentée fig. 10.
Les Anglais ont adopté un Écu, à bords supérieurs échancrés, tel qu'on le voit à la fig. 11.
L'emploi du cimier se remarque pour la première fois sur le sceau de Guillaume, comte de Hollande en 1205 (fig. 12). (A. Fahne. Geschichte der verschiedenen geschlechter Bocholtz.)
Le sceau de Robert de Chartres de l'an 1193 représente le bouclier en forme de toupie. C'est la forme la plus ancienne ; on la trouve jusqu'au delà du premier quart du xiiie siècle, par exemple sur le scel de Raoul de Gif, qui est de l'an 1228, en même temps qu'on rencontre des Écus à forme allongée.
À cette forme primordiale en toupie succède la forme plus élégante et bien connue des Écus des xiiie et xive siècles. Les Écus carrés se trouvent au xive siècle et jusqu'au commencement du xve siècle. Ils sont toujours dans des encadrements et communs aux hommes et aux femmes. L'Écu en losange est spécialement affecté aux sceaux de dames. Un des premiers exemples date de l'an 1262. C'est sur un sceau rond d'Elisabeth de Saint-Vérain. On connait une exception à cette règle. C'est un Écu de Pierre, seigneur de la Fauche, apparaissant sur un sceau de 1270.
L'Écu penché appartient surtout aux sceaux du xve siècle ; cependant on en trouve dès le xive siècle.
(Collection de sceaux, par Douët d'Arcq, tome i. Paris, 1863).
L'Écu ne devient triangulaire qu'à la fin du xiie siècle.
Sur les sceaux les plus anciens, le bouclier a au centre une pointe d'acier qu'on appelle ombilic et il est ordinairement bordé par une rangée de clous. De ce point central partent des lignes droites plus ou moins ornées dont l'ensemble s'appelle un rais d'escarboucle. Cet ornement apparait dès 1161 sur le sceau de Robert de Vitré. Le bouclier devint armorial à la fin de ce siècle. Citons comme les plus anciens boucliers à armoiries ceux de Philippe, comte de Flandre, de l'an 1177 et de Bouchard iv, sire de Montmorency, de la même année. Pour des seigneurs de moindre qualité, les plus anciens boucliers armoriés sont ceux d'Ansel de Garlande, de l'an 1195, et de Hugues de Maudétour, de l'an 1200. (Collection de sceaux, par Douët d'Arcq, tome i. Paris, 1863).
L'Écu est rarement oublié sur les tombeaux à partir du xiiie siècle ; les statues, les bas-reliefs, les colonnes, les pinacles ne l'excluent pas du mausolée d'un seigneur ou d'un prince.
Généralement les statues couchées des xiiie, xive et xive siècles ont les pieds appuyés sur des animaux emblématiques et souvent la tête posée sur un coussin soutenu par des anges ; ces animaux employés comme supports ont une signification à peu près semblable chez les peuples de l'Occident ; ils nous représentent les puissances amies ou ennemies protectrices ou domptées et assujetties au service du défunt et de sa maison ; ou bien encore ils rappellent les qualités personnelles auxquelles il a pu prétendre. S'il possédait le courage, la puissance et la magnanimité, il foule un lion ; s'il s'est consacré au développement des idées religieuses, il écrase le dragon de l'hérésie. — (Iconographique des tombeaux. — Revue de l'Art chrétien, tome ix, p. 152).
L'Ordre de l'Écu d'or fut créé en France, le ier janvier 1369, par Louis ii, dit le Bon, duc de Bourbon, dans le but de récompenser les principaux gentilshommes de sa cour de l'affection et du dévouement qu'ils lui portaient. d'après le Dictionnaire archéologique et explicatif de la
science du blason
Comte Alphonse O'Kelly de Galway — Bergerac, 1901
ÉCU. Un chapitre spécial est réservé à l'Écu, dans la notice historique qui termine cet ouvrage (1), il suffit donc ici, de dire qu'en armoiries, l'Écu représente le fond ou champ du bouclier, de la cotte d'armes, de la bannière et du pavillon sur lesquels on émaillait, ou brodait, les pièces qui composent les armes d'une famille. d'après l'Alphabet et figures de tous les termes du blason
L.-A. Duhoux d'Argicourt — Paris, 1899 ÉCU. On trouve les proportions géométriques de l'Écu en divisant sa largeur en sept parties égales. On ajoute une partie de plus pour sa hauteur, ce qui forme un carré. Les angles d'en bas sont arrondis d'un quart de cercle dont le rayon est d'une demi partie ; deux quarts de cercle de la même proportion au milieu de la ligne horiontale d'en bas se joignent en dehors de cette ligne et forment la pointe.
Ex : D, B, E, réunis sont appelés le chef de l'Écu, ils représentent la tête.
Le point B est le point du chef.
D est le canton dextre ; E, le canton senestre. Ils représentent les bras.
Le point F est dit point d'honneur. Il représente le cou, auquel on suspend les colliers de chevalerie.
A, est le centre de l'Écu, désigné par le nom de coeur ou abîme.
Le G est le nombril de l'Écu.
C, la pointe, H, le canton dextre de la pointe.
I, le canton senestre de la pointe.
J, est le flanc dextre.
Et K, le flanc senestre.
Voyez Émaux. d'après le Vocabulaire du blason, ou l'Art héraldique mis à la portée de tous
Camille Philippe Dayre de Mailhol — Paris, 1898
ÉCU. Dans le sens propre, l'Écu représente le bouclier porté par les chevaliers, sur lequel se mettaient les armoiries. Il est de forme très variable.
Dans le sens figuré, il se prend pour exprimer d'un seul mot les émaux et les figures composant un blason. Ainsi l'on dit : l'écu de France. d'après Le blason, dictionnaire et remarques
Comte Amédée de Foras — Grenoble,
1883
ÉCU, subst. masc., champ sur lequel
on pose les pièces
honorables, les partitions, les répartitions, les pièces et meubles d'armoiries.
On a les proportions géométriques de l'Écu en
divisant sa largeur en sept parties égales ; on ajoute
une partie de plus pour sa hauteur, ce qui forme un carré ;
les angles d'en bas sont arrondis d'un quart de cercle,
dont le rayon est d'une demi-partie : deux quarts de cercle de
même proportion au milieu de la ligne horizontale d'en
bas, se joignent en dehors de cette ligne, et forment la pointe.
L'Écu en bannière est
carré ;
il a la même largeur et la même hauteur que l'Écu
précédent.
L'Écu en losange est
celui des demoiselles ou filles nobles ; sa proportion géométrique
est d'avoir sur sept parties de largeur une huitième
partie de plus en hauteur.
L'Écu parti est celui qui, par une ligne
perpendiculaire, se trouve divisé en deux également.
L'Écu coupé est celui divisé en
deux espaces égaux par une ligne horizontale.
L'Écu tranché, par une ligne diagonale de droite à gauche.
L'Écu taillé, par une ligne diagonale de gauche à droite.
RÉPARTITIONS DE L'ÉCU.
Deux lignes perpendiculaires, à distances égales, divisent
l'Écu en Tiercé en pal.
Deux lignes horizontales, à distances égales, le divisent
en tiercé en fasce.
Deux lignes, l'une perpendiculaire, l'autre horizontale,
posées en croix, forment l'Écu écartelé.
Deux lignes diagonales, l'une à droite, l'autre à gauche,
forment l'Écu écartelé en sautoir.
Les lignes perpendiculaires multipliées, font l'Écu palé, vergeté.
Les lignes horizontales multipliées, font l'Écu fascé, burelé.
Les lignes diagonales à droite multipliées, font l'Écu bandé,
coticé.
Les lignes diagonales à gauche multipliées, font l'Écu barré,
coticé en barres.
Les espagnols portent l'Écu carré, les
allemands le portent échancré de différentes
figures, et les italiens se servent de l'ovale, particulièrement
les ecclésiastiques, qui l'environnent d'un cartouche,
ce qui est devenu fort en usage en France. Voyez Panon,
Ornements extérieurs.
Les termes Écu et Écusson viennent
du latin scutum, dérivé du
grec, scutos, cuir, parce que les premiers
boucliers, dont on a fait l'Écu, étaient de cuir.
ÉCU. Voyez Faux-écu. d'après le Dictionnaire encyclopédique
de la noblesse de France
Nicolas Viton de Saint-Allais (1773-1842) — Paris, 1816 — Télécharger
Note de la rédaction :
1- Cette "notice historique" ne figure pas à la fin de l'ouvrage ; elle n'a jamais dû être publiée. |
Traductions : |
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écu |
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scudo |
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shield |
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schild |
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schild |
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scutum, clypeus |
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escudo |
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