ORNEMENTS EXTÉRIEURS. Se dit de tout ce qui paraît dans les armoiries, soit surmontant, soit entourant l'écu, tels sont les timbres, bourrelets, lambrequins, cimiers, supports, colliers, manteaux, etc. d'après l'Alphabet et figures de tous les termes du blason
L.-A. Duhoux d'Argicourt — Paris, 1899 ORNEMENTS EXTÉRIEURS, subst. masc. plur. L'art héraldique ne se borne pas à la connaissance des traits, des émaux et des différentes figures qui composent les armoiries, il apprend encore à connaître les familles par les armoiries, et les armoiries par les familles. Cette tâche est immense et demande une pratique exercée. Pour atteindre ce but, on se guide d'abord sur les pièces de l'écu, et par elles seules, on peut reconnaître un grand nombre de familles ; c'est ainsi qu'on distingue les maisons de Créqui, par le créquier de gueules, en champ d'or ; de Comminges, aux quatre otelles d'argent, en champ de gueules, adossées en sautoir ; de Chabot, aux trois chabots de gueules en champ d'or ; de Renti, aux trois doloires de gueules en champ d'argent ; de Damas de Cormaillon, à la hie de sable en bande, en champ d'argent, accompagnée de trois roses de gueules ; de Hautefort de Marquessac, aux trois forces de sable en champ d'or ; de Virieu, aux trois vires d'or, en champ d'azur ; de Saint-Chamas, au nom de Jésus, en lettres gothiques d'or, en champ d'azur ; d'Anglure, aux neuf croissants de gueules, chacun abaissé sous un grillet du même, en champ d'or ; et une infinité d'autres maisons qui portent des armes distinctives, c'est-à-dire qui diffèrent de toutes les autres armoiries connues ; mais quoique l'écu soit un guide sûr pour la connaissance des familles, il arrive souvent qu'il nous abandonne ; cela a lieu surtout lorsqu'il s'agit de reconnaître une maison qui porte les mêmes armes que cent autres, ce qui se voit fréquemment par la nombreuse quantité de fasces, de bandes, de croix, de pals, de chevrons, etc. Il faut alors un nouveau guide, si l'on ne veut s'égarer dans des conjectures toujours peu probables ; on le trouve dans les Ornements extérieurs de l'écu ; quoique ces Ornements ne fassent pas précisément partie des pièces constitutives de l'armoirie, ils en empruntent cependant les métaux et couleurs et en donnent souvent la signification ; ils désignent la dignité ou le titre honorifique de celui qui les porte ; tels sont les lambrequins, les supports ou tenants, le casque ou la couronne, le cimier, la devise ou le cri.
C'est peut-être ici le lieu de rappeler à la noblesse combien il serait important pour elle de ne pas user arbitrairement de ces Ornements extérieurs, dont quelques-uns d'ailleurs ne peuvent être portés qu'en vertu d'une concession du prince, de l'exercice d'une charge ou dignité, ou droits de succession. Un arrêt du parlement, du mois d'août 1663, porte qu'aucunes couronnes de barons, comtes ou marquis, ne pouvaient être mises sur les armes sans y être autorisées par lettres patentes, en due forme, sous peine de 1500 francs d'amende.
Les supports, le cimier, le cri d'armes ou la devise ne devraient souffrir aucune altération ; c'est par ces Ornements si diversifiés qu'on pourrait reconnaître une quantité prodigieuse de maisons et familles, dont les armes du reste ne diffèrent en rien. C'est vainement que l'on croit aujourd'hui que les Ornements extérieurs ne sont que des accessoires, il en est, dans ces Ornements, qui étaient plus considérés que l'écu même, et l'on peut voir au mot cimier de quelle considération il jouissait chez les anciens chevaliers.
La devise et le cri ont été plus respectés du temps ; on en voit un grand nombre qui ont traversé des siècles pour arriver jusqu'à nous, sans avoir éprouvé d'altérations sensibles ; c'est donc parmi les Ornements extérieurs, le guide le plus sûr pour distinguer des familles d'une origine différente, dont les armes sont semblables. En général, lorsque tous ces moyens de distinction sont observés, il est bien rare de rencontrer deux familles qui n'ayent point quelques différences dans les armoiries.
Les Ornements extérieurs se divisent en Ornements d'hérédité, en Ornements de dignité, et en Ornements de charges.
Les Ornements d'hérédité sont ceux qu'un père transmet à ses enfants, comme les lambrequins, le cimier, les supports ou tenants, la devise ou cri.
Les lambrequins, que quelques héraldistes nomment improprement lambequins, lamequins, volets, hachements, feuillage ou feuillards, pennes ou pennaches, ou panaches, plumage, etc., sont des morceaux d'étoffes découpés. Ils décorent la partie supérieure de l'écu, ombragent le casque et penchent à dextre et à senestre, courbés en portion de cercle, en forme de volute. Ils doivent être des mêmes émaux que le champ et les pièces de l'armoirie.
Le cimier est quelquefois une figure humaine, mais plus souvent un animal, une trompe, une défense, un bras, une tour, une lance ou autre meuble ; il est posé au-dessus du timbre, c'est-à-dire du casque ou de la couronne. C'était anciennement une très grande marque de distinction.
Les supports sont des animaux, comme des lions, des aigles, des taureaux, des sirènes, des centaures, etc., en quoi ils diffèrent des tenants, qui sont des hommes ou figures humaines : comme des anges, des sauvages, des génies, etc.
Deux supports ou tenants se placent l'un à dextre, l'autre à senestre et paraissent soutenir l'écu. Les supports sont quelquefois les animaux mêmes qui chargent l'écu ; dans ce cas ils doivent être des mêmes émaux ; hors ce cas, on les représente ordinairement dans leur couleur naturelle.
La devise et le cri, sont des signes de reconnaissance et de ralliement. Quand il n'y a que l'un ou l'autre, on le place sur un liston, espèce de ruban ondoyant, vers la partie supérieure du casque. Quand l'un et l'autre font partie des Ornements extérieurs d'une maison, on place la devise en la partie supérieure comme il a été dit, et le cri en la partie inférieure de l'écu.
Les Ornements de dignité sont ceux qui procèdent de l'érection de quelques terre, en royaume, principauté, duché, marquisat, comté, vicomté, baronnie, etc., ou de lettres patentes ou brevets du souverain, qui autorisent quelque seigneur à porter le titre de prince, de duc, de marquis, de comte, de vicomte ou de baron. Ces Ornements sont les casques et couronnes. Voyez chacun de ces termes en l'ordre. alphabétique.
Les Ornements de charges sont ceux qui distinguent les personnes revêtues de quelques dignités ecclésiastiques ou de quelques charges de la couronne ou de la Maison du roi. On peut voir au mot chapeau, ce qui est relatif aux Ornements des charges de l'Église.
Le grand aumônier de France porte, au-dessus de l'écu de ses armes, un grand livre couvert de satin d'azur avec les armes de France en broderie.
Le grand maître de France porte, passés en sautoir derrière l'écu de ses armes, deux bâtons garnis d'argent vermeil doré, dont les bouts d'en haut se terminent en couronnes fleurdelysées et fermées.
Le grand panetier porte la nef d'or et le cadenas que l'on met pour le couvert du roi.
Le grand échanson, deux flacons d'argent vermeil doré, où sont gravées les armes de France.
Le grand écuyer tranchant porte un couteau et une fourchette passés en sautoir, les manches terminés en couronne royale.
Le grand maréchal des logis, une masse et un marteau d'armes passés en sautoir derrière l'écu de ses armes.
Les quatre capitaines des gardes du corps, français et écossais, deux bâtons d'ébène ayant les pommes d'ivoire, passés en sautoir derrière l'écu de leurs armes.
Le capitaine des Cent-Suisses, deux bâtons noirs passés de même en sautoir.
Le capitaine des gardes de la porte, deux clefs en pals, une de chaque côté de l'écu.
Le grand prévôt, deux faisceaux de verges d'or passés en sautoir, liés de cordons d'azur avec la hache d'armes que les Romains nommaient consulaire.
Le grand veneur, deux cors de chasse de chaque côté de l'écu.
Le grand fauconnier, deux leurres, un de chaque côté de ses armes.
Le grand louvetier, deux rencontres de loups, mis un de chaque côté de l'écu de ses armes.
Le grand-maître des cérémonies porte deux bâtons de cérémonie couverts de velours noir, passés en sautoir derrière l'écu de ses armes.
Le connétable, deux épées nues, tenues chacune par un dextrochère armé d'un gantelet, sortant d'une nuée, une de ces épées de chaque côté de l'écu de ses armes, en la partie inférieure.
Le chancelier de France porte une figure de reine au-dessus de ses armes, représentant la France, tenant de la main dextre le sceptre et de la senestre les grands sceaux du royaume, et derrière l'écu de ses armes, deux masses d'argent vermeil doré, passées en sautoir.
Le garde des sceaux de France porte les mêmes Ornements et attributs que le chancelier.
Les maréchaux de France portent deux bâtons d'azur, semés de fleurs-de-lys d'or, passés en sautoir derrière l'écu de leurs armes.
Le grand maître de l'artillerie porte deux canons sur leurs affûts.
L'amiral, une ancre posée en pal derrière l'écu de ses armes, quelquefois deux ancres passées en sautoir.
Les vice-amiraux portaient deux ancres passées en sautoir, derrière leur écu.
Le général des galères, un grappin en pal derrière l'écu de ses armes.
Le grand chambellan, deux clefs d'or dont le haut se termine en couronne royale, passées en sautoir derrière son écu.
Le grand écuyer, à chaque côté de ses armes, l'épée du roi dans le fourreau avec le baudrier, la garde de l'épée d'or semée de fleurs-de-lys du même ; le fourreau et le baudrier de velours bleu également semés de fleurs-de-lys d'or, les boucles du ceinturon du même.
Le colonel général des Suisses, porte six drapeaux des couleurs du roi, blanc, incarnat et bleu, passés en sautoir derrière l'écu de ses armes.
Le colonel général de la cavalerie, six cornettes des couleurs du roi, passées de même en sautoir.
Le mestre de camp général de la cavalerie, quatre cornettes des couleurs du roi.
Le commissaire général de la cavalerie, deux cornettes aux couleurs du roi.
Le colonel général des dragons de France, six étendards aux couleurs du roi.
Les Ornements de dignité et de charges, comme on voit, ne servent point à connaître et à distinguer les familles ; ils désignent seulement le rang et les charges qu'elles ont ; ce sont donc les Ornements d'hérédité qu'on doit regarder comme les appendices les plus essentiels de l'armoirie, et ce sont eux aussi qu'on doit le plus particulièrement s'exercer à connaître.
L'art héraldique, comme on l'a dit plus haut, consiste à connaître non seulement les émaux et pièces du blason, mais aussi les familles par les armoiries et les armoiries par les familles ; nous avons expliqué les moyens par lesquels on pouvait distinguer des maisons dont les armes étaient semblables, nous allons en donner quelques exemples.
Connaissance des familles par les armoiries.
Cette connaissance consiste à reconnaître et dénommer une famille, par les seules pièces de son écu, et s'il y a plusieurs familles qui portent les mêmes armes, à les distinguer par les Ornements extérieurs, sans qu'on ait sous les yeux les noms de ces familles.
- D'or, à la croix de gueules, cantonnée de seize alérions d'azur.
- De gueules, à neuf macles d'or.
- D'hermine, au chef de sable.
- Écartelé d'argent et d'azur. Devise : Encore ne me tenez.
- Écartelé d'argent et d'azur. Devise : L' honneur y gît.
- Écartelé d'argent et de gueules. Devise : Tout sans contrainte.
- Écartelé d'argent et de gueules. Devise : En Dieu vostre vouloir.
- d'azur, au griffon d'or. Devise : Tout-à-tout.
- d'azur, au griffon d'or. Devise : Major fama.
- d'azur, au coq d'or, crêté, barbé et membré de gueules. Devise : Nocte dieque vigil.
- d'azur, au coq d'or, crêté, barbé et membré de gueules. Devise : Sala vel voce leones terreo.
Quiconque sera suffisamment versé dans la pratique du blason et des devises héraldiques, reconnaîtra dans le premier exemple, la maison de Montmorency ; dans le second, celle de Rohan ; dans le troisième, celle de Cardevaque d'Havrincourt, en Artois ; dans le quatrième, celle de Bussy de Dinteville, en Bugey ; dans le cinquième, celle d'Arcel, en Bretagne ; dans le sixième, celle de Cordon d'Evieu, en Bugey ; dans le septième, celle de Feillens du Chanay, en Bresse ; dans le huitième, celle de Grattet Dolomieu, en Dauphiné ; dans le neuvième, celle de Meynier de la Salla en Bourgogne ; dans le dixième, celle de Boucherat, à Paris ; dans le onzième, celle de Vogué de Montlaur, en Languedoc.
Il y a quelques familles et maisons qui portent les mêmes devises ; c'est donc aux pièces de l'écu qu'on doit les reconnaître.
- d'azur, au lion d'or. Devise : Bonté.
- De gueules, à trois annelets d'argent. Devise : Bonté.
- Écartelé en sautoir d'argent et d'azur. Devise : Sine macula.
- D'argent, à la fasce de sable, accompagnée de trois molettes d'éperon du même. Devise : Sine macula.
- D'argent, à l'aigle éployée de sable, chargée sur l'estomac d'un écusson d'azur, surchargé d'une fleur-de-lys d'or. Devise : Sine macula.
- D'or, à trois maillets de gueules. Devise : Hogne qui vonra.
- D'argent, à trois croissants de gueules. Devise : Hogne qui vonra.
- De gueules, à la croix engrêlée d'or. Devise : Je me contente.
- D'argent, au chevron de gueules, accompagné de trois glands et de trois olives tigés de sinople ; un gland et une olive couplés, passés en sautoir, liés de gueules, les liens ondés et étendus en fasce. Devise : Je me contente.
- d'azur, à sept besants d'or. Devise : Virtus et Honor.
- D'or, semé de flammes de gueules ; au laurier de sinople, brochant. Devise : Virtus et Honor.
- Écartelé, aux 1 et 4 de gueules, au lion d'or ; aux 2 et 3 d'argent, à la plante d'artichaut sauvage de sinople. Devise : Virtus et Honor.
- D'or au créquier de gueules. Devise : Nul ne s'y frotte.
- D'argent, au lion de gueules. Devise : Nul ne s'y frotte.
- Vairé d'or et de gueules. Devise : Plus de deuil que de joie.
- De sable, à deux fasces d'argent. Légende : Plus de deuil que de joie.
Comme dans ces exemples, les devises sont semblables, ce sont les meubles de l'écu qui doivent nous guider ; c'est par eux qu'on reconnaît, dans le premier exemple, la maison de Granges, en Dauphiné ; dans le second, celle de Castillon, en Provence ; dans le troisième, celle de Blanc, en Dauphiné ; dans le quatrième, celle de Laisné, en Picardie ; dans le cinquième, celle de Déageant, en Dauphiné ; dans le sixième, celle de Mailly d'Haucourt, en Picardie ; dans le septième, celle de Mercastel de Montfort, en la même province ; dans le huitième, celle de Coetgourhedeuc, en Bretagne ; dans le neuvième, celle de Phelippe de Billy, en Berry ; dans le dixième, celle de Melun de Brumetz, en Picardie ; dans le onzième, celle de Leygonie de Rangouge, en Auvergne ; dans le douzième, celle de Mélignan de Trignan, en Condomois ; dans le treizième, celle de Créqui de Hémont, en Picardie ; dans le quatorzième, celle de Ménard de la Ménardière, en Normandie et en Poitou ; dans le quinzième, celle de Beauffremont de Listenois, en Bourgogne ; dans le seizième, celle de Saint-Mauris-Châtenois, en Franche-Comté.
Il y a beaucoup de familles qui n'ont, dans leurs cris ou devises, que quelques légères différences. Nous allons citer celles que nous connaissons, pour qu'on ne les confonde pas.
De la Balme d'Andrenet, en Dauphiné, porte Éternité ; de Chaudieu, en Beaujolais, pour l'éternité ; de Trogoff, en Bretagne, porte Tout du Tout ; de Grattet Dolomieu, en Dauphiné, Tout-à-tout ; du Roure, en Languedoc, porte Ferme en tout temps ; de Kerguelin, en Bretagne, Vert en tout temps ; de Cassard, en Dauphiné ; porte Sans venin ; de Meulh, en Guyenne, Benin sans venin ; Bigot, en Berry, porte Tout de par Dieu ; de Kerouartz, en Bretagne, Tout en l'honneur de Dieu ; la Baume Montrevel, en Bresse, porte L'honneur guide mes pas ; d'Aubuisson, en Languedoc, L'honneur est mon seul guide ; de Gailhac de Pailhes, en la même province, Elle guide pour l'honneur ; de Challudet, en Brie, porte Désir sans vanité ; de Caulaincourt, en Picardie, Désir n'a repos ; de Kergos, en Bretagne, porte Aime qui t'aime ; de Beaumanoir, en la même province, J'aime qui m'aime ; Le Bouteiller de Senlis, à Paris, porte Franc et léal ; du Coetlosquet, en Bretagne, Franc et loyal ; de Coetlez, en la même province, Humble et loyal ; Le Bourrelier de Maupas, en Franche-Comté, Loyal et gai ; de Lemps, en Dauphiné, porte Le temps j'attends ; de Dortans, en la même province, Mieux j'attends ; de Gouzven, en Bretagne, Attendant mieux ; de Créqui, en Picardie, et de la Menardière, en Poitou, portent Nul ne s'y frotte ; de Croy de Solre, en Hainaut, Que nul ne s'y frotte ; de Kerouzy, en Bretagne, porte Pour le mieux ; de Kermengui, en la même province, Tout pour le mieux ; d'Angelin, en Dauphiné, porte à jamais ; de Gorrevod, en Bresse, portait Pour jamais ; de Menon, au Maine, porte Ne deuil, ne joie ; de Saint-Mauris, en Franche-Comté, et de Beauffremont, en Bourgogne, Plus de deuil que de joie ; Doncquer de T'serroéloffs, à Dunkerque, porte Post tenebras spero lucem ; de Laurencin de Chanzé et de Persange, en Lyonnais, Lux in tenebris, et post tenebras spero lucem ; de Beaufort, en Dauphiné, porte In Bello fortis ; de Bernard, en Normandie, In Bello pace ; de Grimaldi, en Provence, porte Deo juvante ; de Camelin, en Dauphiné, Deo favente ; de Clinchamp-Bellegarde, en Normandie, porte Pro Deo et Rege ; de Montainard, en Languedoc, Pro Deo, fide et rege ; de Froulay, au Maine, Pro rege et pro fide ; de Martimprey de Villefont, en Lorraine, Pro Vide pugnando ; du Puy, en Dauphiné, Pro Deo et rege me sustinet turrus ; de Chauveton Saint-Léger, en Berry, Deus, Rex, Honor.
Il y a encore, dans quelques provinces, d'anciens proverbes ou dictons, qui servent à reconnaître les principales familles ; mais comme cette matière n'entre pas essentiellement dans notre sujet, nous renvoyons le lecteur au Traité des Devises, par M. de Warroquier de Combles, et spécialement à la page 195 de la seconde partie, et à la Science héroïque de Wulson de la Colombière, chap. 44 et page 512.
Connaissance des armoiries par les familles.
Cette connaissance n'est qu'un résultat de la première car lorsqu'on peut désigner les noms d'une famille par ses armoiries, on peut également désigner ses armoiries par ses noms. Elle consiste donc en une mémoire heureuse à laquelle il suffit de rappeler un nom, ou plusieurs familles d'un même nom, pour qu'elle nous en retrace aussitôt les armoiries.
- d'Aubusson-la-Feuillade, en la Marche.
- de Durfort de Duras, en Guyenne.
- de Froulay de Tessé, au Maine.
- de Crussols d'Uzès, en Vivarais.
- Montesquiou de Poylobon, d'Artagnan, en Languedoc.
- de la Rochefoucauld d'Estissac, en Angoumois.
- de Maillé de Brézé, en Anjou.
- de Rochechouart-Mortemart, en la Marche;
Il ne faut pas une connaissance bien étendue des armoiries pour savoir que la maison citée dans le premier exemple porte : d'or, à la croix ancrée de gueules ; que celle du second porte : d'argent, à la bande d'azur ; que celle du troisième porte : d'argent, au sautoir de gueules, denché de sable ; que celle du quatrième porte : fascé d'or et de sinople ; que celle du cinquième porte : d'or, à deux tourteaux de gueules ; que celle du sixième porte : burelé d'argent et d'azur, à trois chevrons de gueules, brochants, le premier écimé ; que celle du septième, porte : d'or, à trois fasces nébulées de gueules ; et que celle du huitième porte : fascé nébulé d'argent et de gueules.
Dans tous ces exemples, nous avons ajouté aux noms de familles, ceux de seigneuries et de provinces, parce que souvent le nom seul d'une maison ne suffit pas pour la reconnaître, y ayant quelquefois plusieurs familles du même nom, même dans la même province.
On voit, par tout ce qui vient d'être dit, que les Ornements extérieurs de l'écu ne contribuent pas moins à signaler les familles que les pièces mêmes de l'armoirie. Nous n'avons cité d'exemples ni du cimier ni des supports, parce que ces sortes d'Ornements ont éprouvé tant de variations qu'on les regarde moins aujourd'hui comme des signes distinctifs que comme des Ornements de pure fantaisie, adoptés par les familles, plus souvent par bizarrerie que par raison. Nous avons également passé sous silence le casque et les couronnes parce que, excepté pour les maisons souveraines, ducales ou comtales de France, ils ne sont point des marques caractéristiques héréditaires, et que, par cette raison, ils changent dans les familles et varient suivant la qualité de ceux qui les portent.
Par le mot connaissance des familles et des armoiries, nous n'avons pas voulu dire qu'il était nécessaire qu'on connût l'origine des unes et des autres ; nous n'avons entendu par là que la connaissance locale de chacune d'elles ; la vie d'un homme, quelque longue qu'elle fût, ne suffirait pas pour lire les récits fabuleux, quelquefois vrais, mais presque toujours exagérés à chaque génération, que l'on a faits sur ces origines. L'art héraldique se borne à désigner les familles nobles et à décrire leurs armoiries par des termes convenables ; c'est à l'histoire et aux contemporains à nous apprendre ce qu'ont été ces familles ou ce qu'elles sont encore.
On peut voir pour chacun des Ornements extérieurs en particulier, les mots casque, chapeau, cimier, couronne, cri, devise, lambrequins, mitre, supports, tenants, timbre.
de Guignard de Saint-Priest, à Paris : écartelé, au 1 et 4 d'argent à trois merlettes de sable ; aux 2 et 3 d'azur, au chevron d'argent, accompagné en chef de deux tours d'or, mâçonnées de sable.
Couronne de comte, manteau de pair ; cimier : une tour d'or, maçonnée de sable, sommée d'une merlette, du même. Devise : Fort et ferme ; l'écu entouré du collier de l'ordre de Saint-André.
de Saint-Mauris-Chastenois, en Franche-Comté : de sable, à deux fasces d'argent.
Couronne de marquis sommée d'un casque à sept grilles taré de front et damasquiné d'or, timbré d'un cercle de baron à l'antique, orné de lambrequins aux émaux de l'écu ; cimier au maure issant, au naturel, tenant de la main dextre un badelaire, et de la senestre une banderole portant pour devise : Antique, fier et sans tache ; l'écu posé sur deux bannières ou panons carrés aux armes de Saint-Mauris, passés en sautoirs ; tenants, deux maures au naturel, ceints et tortillés d'argent, ayant chacun un badelaire à la main. Légende Plus de deuil que de joie.
d'après le Dictionnaire encyclopédique
de la noblesse de France
Nicolas Viton de Saint-Allais (1773-1842) — Paris, 1816 — Télécharger
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