HÉRAUT. Les hérauts d'armes étaient chargés dans les tournois de proclamer les armoiries des chevaliers qui se présentaient dans la lice ; les hérauts nobles crieurs avaient pour fonctions d'annoncer les défis publics, et de publier les édits des souverains et des dignitaires. d'après l'Alphabet et figures de tous les termes du blason
L.-A. Duhoux d'Argicourt — Paris, 1899 HÉRAUT, subst. masc., officier d'un prince ou d'un état, auquel on commettait autrefois les défis publics et les dénonciations de guerre ; il était très considéré et avait de beaux droits et privilèges. Il fait aujourd'hui les publications de paix et beaucoup d'autres fonctions dans les cérémonies.
Les Hérauts étaient surintendants des armoiries et conservateurs des honneurs de la guerre, dont le blason est le symbole.
Ils recevaient les preuves des nobles et des chevaliers, et faisaient peindre leurs armes dans leurs registres.
Ils avaient droit de corriger tous les abus et usurpations des couronnes, casques, timbres, tenants, supports, etc. ; connaissaient des différents entre les nobles pour leurs blasons, pour l'ancienneté de leurs races et prééminences ; la cour les a même quelquefois mandés pour avoir leurs avis sur des différends de cette nature.
Ils allaient dans les provinces faire des enquêtes sur les nobles et gentilshommes, et avaient droit de faire des recherches dans les archives.
Les Hérauts publiaient les cérémonies des ordres de chevalerie et s'y trouvaient décorés des marques de l'ordre. Ils réglaient les cérémonies aux mariages des rois, de même qu'aux baptêmes des enfants de France.
Le jour d'une bataille, ils assistaient devant l'étendard, faisaient le dénombrement des morts, redemandaient les prisonniers, sommaient les places de se rendre, et marchaient, dans les capitulations, devant le gouverneur de la ville. Ils publiaient les victoires et en portaient les nouvelles dans les cours étrangères alliées.
Aux pompes funèbres des rois et des princes du sang, les Hérauts étaient revêtus par dessus leurs cottes d'armes d'une longue robe de deuil traînante et tenaient un bâton, dit caducée, couvert de velours violet, et semé de fleurs-de-lys d'or en broderie ; ils portaient aussi la médaille du roi pendue au cou, et le roi d'armes une croix pectorale pendue à un ruban violet cramoisi, liseré d'or.
Aux obsèques des rois, dans la chambre du lit de parade, où le corps du défunt ou son effigie paraît, il y avait toujours deux Hérauts, qui se tenaient jour et nuit au pied du lit de parade, et qui présentaient le goupillon aux princes, prélats et autres de la qualité requise, qui venaient jeter de l'eau bénite. Aux funérailles du monarque, ils enfermaient dans le tombeau la couronne, le sceptre, la main de justice, et autres marques d'honneurs.
Il y avait en France, avant la révolution, trente Hérauts ; ils servaient dans les cérémonies pompeuses ; le plus ancien était le roi d'armes, et se nommait Mont-Joie-Saint-Denis : les autres étaient connus sous les noms de Bourgogne, Normandie, Dauphiné, Bretagne, Alençon, Orléans, Anjou, Valois, Berry, Angoulême, Guyenne, Champagne, Languedoc, Toulouse, Auvergne, Lyonnais, Bresse, Navarre, Périgord, Saintonge, Touraine, Alsace, Charolais, Roussillon, Picardie, Bourbon, Poitou, Artois et Provence.
Les Hérauts, lors de leurs fonctions, étaient revêtus de leurs cottes d'armes de velours cramoisi, ayant devant et derrière trois fleurs-de-lys d'or, et autant sur chaque manche, où le nom de leur province était écrit ; ils portaient une toque de velours noir, ornée d'un cordon d'or, et avaient des brodequins pour les cérémonies de paix, et des bottes pour celles de guerre.
Le mot Héraut, vient selon Du Cange, de l'anglais here, ou de l'allemand heer, qui signifie armée, et de ald serves ; parce que les Hérauts servaient particulièrement dans les armées.
Borel le dérive de herus, maître, ou de la part du maître ; quelques uns le dérivent de harou ou haro, qui a signifié en gaulois un bruit de guerre, une semonce publique où le peuple accourait ; parce que les Hérauts étaient chargés de publier partout les victoires et batailles les plus mémorables.
D'autres le dérivent de hérald, mot allemand qui signifie gendarme, homme de guerre. Voyez Roi d'armes.
Le terme Héraldique vient de hérald ; l'Art Héraldique étant, par ses pièces, meubles et figures, qui représentent les belles actions et faits militaires, l'attribut du gentilhomme et du noble, dévoué par sa naissance à la guerre. d'après le Dictionnaire encyclopédique
de la noblesse de France
Nicolas Viton de Saint-Allais (1773-1842) — Paris, 1816 — Télécharger
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